L'ergothérapie a aidé notre enfant hypersensible

Alors âgé de 3 ans et demi, mon Léo n'est pas très autonome et ça complexifie la routine du matin avec un bébé de 6 mois. Il ne s'habille pas seul et il ne veut rien savoir de porter des bobettes. Il fait souvent des crises. On gère encore beaucoup les émotions, l'impulsivité. J'ai toujours su qu'il était différent, qu'il était un bébé aux besoins intenses (BABI). Mais, je me pose des questions.

Se rapprochant du 4 ans, les crises s'amplifient, il cherche l'opposition, il développe un TOC (trouble obsessionnel-compulsif) avec la propreté, il est anxieux de mouiller ses sous-vêtements la nuit, il a de la difficulté avec les bruits, il panique quand ses vêtements sont mouillés et le comble, il tombe rapidement en surstimulation (excité, saute partout) lorsqu'il est fatigué. L'endormissement est IN-TER-MI-NA-BLE.

Rien ne va plus. Je suis à bout de souffle, et mon conjoint aussi.

Léo se lève constamment la nuit pour aller sur la toilette, alors qu'il vient d'y aller 30 minutes plus tôt. Il dit qu'il a envie, mais rien ne coule alors qu'il s'assoie sur son pot. Direction urgence pour vérifier que sa vessie est OK, on me dit que tout va bien, du point de vue physique.

Après avoir consulté un «spécialiste» qui me dit d'ignorer ses comportements et d'avoir tenter de multiples trucs trouvés sur Internet, rien ne va plus.

Étrangement, une maman d'un groupe de mamans sur Facebook me suggère de consulter un(e) ergothérapeute spécialisée dans l'enfance.

Je suis sceptique. Ha oui? Ils font ça les ergothérapeutes? Ce n'est pas pour la posture normalement?

Oui, mais tellement plus.

Je prends rendez-vous avec une ergothérapeute spécialisée en neuroscience et dans les comportements de l'enfant. Marie l'Ergo à Drummondville, pour être plus exacte.

Elle évalue mon enfant. Elle me donne ses recommandations et ses observations. Léo est (effectivement) un hypersensible et possiblement sous le spectre de l'autisme, très fonctionnel. Elle ne peut pas me confirmer le diagnostique, mais elle me met la puce à l'oreille. (Parenthèse : nous n'avons pas poussé davantage les tests en lien avec l'autisme sachant que c'est un diagnostique qui le suivrait toute sa vie. Nous avons attendu de voir les résultats en ergothérapie.) 

Il n'a pas conscience de son corps, dont principalement son bas du corps. Ce qui expliquerait qu'il a de la difficulté à s'habiller, de la difficulté à être propre, qu'il donne constamment des coups de pieds et toutes ses faiblesses entrainent des comportements indésirables qu'il ne contrôle pas. La proprioception est peu développée (le sens du mouvement, la perception de son corps) et sa motricité fine est définitivement à travailler. Tout ceci crée d'énormes conséquences sur son comportement qu'il a de la difficulté à communiquer.

On démarre les rencontres de suivi aux deux semaines pour travailler la proprioception et la motricité fine, en vue de sa rentrée scolaire d'ici quelques mois. Marie l'Ergo m'explique que les changements vont se faire graduellement, mais que je vais avoir un petit garçon complètement différent. Je suis confiante.

Les séances débutent. On me dit que ça va bien que c'est important de lui donner des pauses sensorielles quand il est surexcité. Une couverture lourde, un objet qu'il aime (une mousseline, par exemple), manipuler un objet lourd, porter un casque anti-bruit. Peu à peu, après plusieurs séances, Léo est plus tolérant. Il communique davantage. Le sommeil s'améliore. Il accepte de porter une «Pull-Up», il se lève moins la nuit. Après chaque séance, je vois une amélioration immédiate sous l'un des aspects problématiques. Ça lui fait du bien.

Et un beau jour, Léo me dit qu'il est prêt à porter un boxer pour dormir, qu'il se sent en confiance. Il n'y a plus de dégât dans le jour ni la nuit. Il a eu droit à une belle récompense.

Pour le sommeil, nous avons décidé :

  • d'abolir les écrans après le souper, autant la semaine que la fin de semaine;
  • sur approbation médicale, nous avons donné 0,25 mg de mélatonine avant le dodo. Il en a pris quelques semaines seulement;
  • on remplit son petit réservoir d'amour le plus possible, même quand ça nous tente moins à cause de la fatigue. Lecture, discussions (on utilise le jeu de discussion - Avant d'aller au lit - de Pomango ), bercer.

Je dois admettre que pour nous, ça été un « game changer ». On a vu un nouveau petit garçon plus confiant et en mesure de nous exprimer ce qu'il ressent, autant émotionnellement que physiquement, ce qu'il aime et ce qu'il n'aime pas. Ce n'est pas parfait, il fait encore des crises et il trouve le moyen de me surstimuler malgré tout. Il reste un enfant, t'sais.

Nous arrivons davantage à comprendre, à mettre le doigt sur ce qui ne va pas. Et surtout, on arrive à le faire plus calmement, à comprendre sa réalité à lui. Alors qu'avant, nous étions complètement laisser à nous-mêmes.

Nous sommes conscients qu'il y aura des ajustements et d'autres défis en cours de route, surtout pour l'apprentissage de l'écriture, l'école. Rien n'est complètement gagné. Lors de notre séance chez Culbute et Caline (lire l'article ici), j'ai vu aussi que nos séances en ergothérapie avaient porté fruit sur ses apprentissages en motricité fine. Il m'a épaté lors de cette séance.

C'est assurément un(e) spécialiste que je recommande pour les enfants de nos jours.

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Si tu as envie d'en apprendre plus sur la proprioception, je t'invite à lire le billet de Josiane Caron Santha sur le sujet. C'est une ergothérapeute spécialisée avec les enfants. Comme elle l'explique, la proprioception, c'est un peu comme un 6e sens - celui qui guide nos mouvements. 

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